MPBB est née à Innsbruck, en Autriche, dans cette région du Tyrol qui lui est restée si chère, elle y a passé sa prime jeunesse, jusqu’à l’âge de sept ans, et Dieu sait que ce sont des années qui comptent. Ses parents, arrivés en Autriche à deux en repartent à cinq. Enfance heureuse au milieu d’une famille très unie, dans cette atmosphère particulière d’un pays occupé, au milieu d’une population certes démunie mais chaleureuse.
Puis passage par Marseille, puis l’Algérie, pendant la guerre, à la fois période de bonheur car la famille est restée rassemblée dans ce pays riche de couleurs et de senteurs nouvelles, mais aussi que de peurs, d’angoisses et d’insomnies pour une enfant de dix ans. Puis les quatre coins de France, au gré des déplacements familiaux, à la fois déstabilisations mais aussi richesse des rencontres et des paysages.

Sans doute en raison de certaines prédispositions génétiques, un grand père capitaine au long cours et un peu aventurier comme il en existait au début du siècle précédent, une maman née à Brest puis embarquée pour plusieurs années au Canada avec ses parents à l’âge de quelques semaines, peut-être aussi en raison de toutes les pérégrinations qui ont marqué son enfance et son adolescence, BB a gardé le goût du voyage. Je veux parler à la fois de voyages au bout du monde et des contacts avec les gens d’ailleurs qu’elle affectionne, en Asie par exemple ou elle séjourne chaque hiver depuis quelques années, mais je veux parler surtout de ce voyage intérieur, le plus difficile, le plus long, le plus laborieux, celui qui nous permet d’essayer de mieux nous connaître nous- mêmes et d’en tirer les conclusions.
Ce voyage intérieur aide à éduquer le regard, à le rendre plus aigu, plus incisif, il permet à l’artiste d’observer avec plus de pertinence son environnement. BB ne peint pas de paysages ou de natures mortes, elle nous présente des scènes de la vie sociale qui nous entoure, que son œil d’artiste observe avec ironie, parfois avec sévérité, souvent avec tendresse et amour.
Comme l’a si bien écrit Paul Rondepierre, professeur d’Arts plastiques, « BB ne peint pas de tableaux mais un tableau, une toile unique et singulière dont elle déploie un peu plus chaque jour l’immense surface. Une paraphrase du texte « La brodeuse », de Michael Gaumnitz pourrait s’appliquer parfaitement à elle :
                « Je vous parle d’une femme qui peint,
                           Qui peint toujours,
                Et qui ne comprend plus ce que vivre veut dire
                                Sans peindre ».
Ses personnages sont intemporels, bien sûr les costumes extravagants et leurs couleurs vives et chatoyantes peuvent évoquer des cours royales ou impériales, du Moyen Âge peut-être mais pourquoi pas d’un autre univers, on pourrait les rencontrer au coin d’une rue, dans un château ou un bouge de Star Wars ou Game of Thrones.
Les bouches sont pincées, nous ne sommes pas dans le discours qui est souvent mensonge et comédie, nous sommes dans les yeux et dans le regard, plus souvent reflet de la vérité des sentiments. L’artiste nous conduit dans cet univers étrange, univers du profane, de l’apparence, de l’ego et de l’intrigue. Bijoux et ornements sont magnifiés par la pâleur des peaux, les corps sont sensuels et charnels. Les plaisirs de l’amour, de l’ivresse et de l’intempérance sont en filigrane. Se devine aussi en regardant certaines scènes de festins ou de dégustation, l’intérêt tout particulier que porte l’artiste à la gastronomie.
Est-ce purement descriptif ou veut elle nous indiquer par la une route vers la spiritualité, une spiritualité toute personnelle, épanouie et fraternelle mais aussi parfois hédoniste, voire jubilatoire.

Et les enfants, bien sûr, ils sont là, très souvent présents, dans les bras de leur mère ou le regard brillant de gourmandise devant la vitrine du pâtissier. Ils sont dans ses toiles comme ils sont dans sa vie, préoccupation essentielle, souci permanent, bonheur de tous les jours.
Son style est si particulier et si singulier que, pour qui les a vues une fois, ses toiles se reconnaissent immédiatement. La facture est techniquement classique mais la réalisation se situe dans le contexte contemporain de la « Nouvelle figuration ».
Vous avez devant vous quelques échantillons de son travail, poursuite inlassable de sa route, au gré des rencontres, des inspirations, de son évolution personnelle, travail acharné, qui, par chance, constitue son bonheur quotidien, sa respiration.